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Gaza, compas moral du monde

Gaza, compas moral du monde

Il est des lieux qui condensent l’Histoire au point de devenir des seuils : seuil entre la lumière et les ténèbres, entre la vérité et le mensonge, entre l’humanité et la barbarie. Gaza est de ceux-là. Gaza est l’Apocalypse en marche : non pas la fin du monde, mais la fin d’un monde – celui bâti sur l’hypocrisie des droits humains, sur les mensonges des empires et sur l’indifférence des gouvernants.

À Gaza, le voile est levé. C’est là que s’accomplit la « révélation » au sens biblique : l’humanité se regarde dans son miroir le plus cru. Chaque bombe sur un hôpital, chaque enfant exhumé des décombres, chaque exode forcé est une trompette de l’Apocalypse, dénonçant un ordre mondial en ruines. Ce n’est plus un conflit localisé, c’est le jugement dernier de nos valeurs.

Gaza est la Jérusalem inversée : non plus la cité sainte où l’humanité se réconcilie, mais le Golgotha planétaire où un peuple est crucifié sous les yeux de tous. Ici s’éprouve la prophétie d’Hannah Arendt : la banalité du mal devient système, rationalisée par des chancelleries, commentée avec froideur par des éditorialistes, acceptée par des élites repues. Ce n’est plus seulement Israël qui bombarde Gaza : c’est l’Occident qui bombarde sa propre morale.

Gaza n’est pas seulement une tragédie palestinienne : c’est un test pour l’humanité entière. Albert Camus écrivait que « chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Or, le monde se défait sous nos yeux à Gaza.

Gaza n’est pas seulement un abîme, elle est aussi un signe. Elle démasque la comédie des démocraties occidentales, l’impuissance de l’ONU. Elle dévoile que la civilisation actuelle n’est pas universelle, mais sélective, racialisée, prête à justifier l’extermination si elle sert ses intérêts. Elle montre qu’il n’y a plus de neutralité possible : se taire, c’est trahir.

Voilà pourquoi Gaza est aujourd’hui le compas moral du monde. Elle nous dit non seulement où se trouvent le courage et où se cache la honte, mais elle révèle si notre civilisation mérite encore de vivre. Le verdict ne viendra pas d’un tribunal, mais d’une ruine : Gaza, juge suprême de notre temps.

Abbas Fahdel